Synthèse et vidéos du colloque :
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Les 14, 15 et 16 février derniers avait lieu à la Grande Bibliothèque de Montréal le colloque international Société, IA et normativités, organisé par l’OBVIA et rendu possible grâce au soutien de plusieurs partenaires. Une vingtaine de conférencières et conférenciers, d’ici et d’ailleurs, ont été conviés à l’initiative de Lyse Langlois (Université Laval – OBVIA), Karine Gentelet (Université du Québec en Outaouais), Allison Marchildon (Université de Sherbrooke), Jocelyn Maclure (Université McGill – Chaire Jarislowsky sur la nature humaine et la technologie), Céline Castets-Renard (Université d'Ottawa – Chaire sur l'IA responsable à l'échelle mondiale) et Marc-Antoine Dilhac (Université de Montréal – Chaire Canada-CIFAR en éthique de l'IA), pour réfléchir et échanger durant trois jours sur l’évolution des normativités de l’IA dans une perspective intersectorielle.
En effet, les conférencières et conférenciers regroupaient des spécialistes issus de disciplines variées, allant de la philosophie au droit, en passant par les sciences informatiques et l’ingénierie, mais également des individus engagés et impliqués au sein de leur communauté. Ceux-ci, provenant de 9 pays et de 4 continents différents, ont pu transmettre leur expertise et partager leur expérience en lien avec la régulation et l’encadrement de l’intelligence artificielle.
Ce sont en tout plus de 160 participantes et participants qui se sont joints à la discussion, parmi lesquels on comptait des employées et employés de différents ministères du gouvernement du Québec, du secteur privé, des représentantes et représentants de la société civile, des professeures et professeurs, des étudiantes et étudiants, des chercheures et chercheurs, des journalistes ainsi que des citoyennes et citoyens.
Les normativités de l’IA : de l’éthique au politiqueLe colloque a d’abord été l’occasion de dresser l’inventaire des normativités encadrant le développement et le déploiement de l’IA. Si l’éthique a initialement dominé le paysage normatif via l’élaboration d’une multiplicité de chartes (plus de 200 à ce jour) et de principes, les dernières années ont vu poindre une transition vers le droit de l’IA, lui-même caractérisé par une pluralité de normes. Au carrefour des normativités éthiques et juridiques émerge aussi la normativité technique de l’IA et de ses usages.
Ce portrait des normativités a permis d’en faire l’examen critique et de discuter de la manière dont elles interagissent. Ont été soulevées, notamment, l’application facultative de l’éthique et la tendance universalisante des chartes qui font souvent abstraction des préoccupations des pays du Sud et de leurs communautés locales. En ce qui concerne les normes juridiques, il a été démontré que les propositions de régulations se concentrent sur les risques individuels aux dépens des risques systémiques. Le droit entretient aussi une position ambiguë : s’il se voit souvent contredit par la normativité technique de l’IA, il vient parallèlement légitimer certains de ses usages. La tendance technophile du droit a ainsi été mise de l’avant. Par ailleurs, si certains conférenciers et conférencières ont opposé éthique et droit, plusieurs ont insisté sur leur complémentarité : une véritable réflexion éthique permet de cartographier les préoccupations liées au déploiement de l’IA, le droit pouvant ensuite soutenir l’effectivité des valeurs que l’on cherche à protéger.
Le déficit démocratique dans l’encadrement et le déploiement de l’IA s’est imposé comme une préoccupation commune. Les industries s’immiscent dans la formation des normes, qui sont également élaborées sans réelle implication citoyenne. Les individus et les groupes se voient finalement relayés au rôle de cobayes de technologies qu’ils n'ont pas les moyens de remettre en question et encore moins de contester.
À la lumière de cet état des lieux, l’avenir de l’IA apparaît à l’unanimité devoir s’articuler autour de la participation des personnes et des collectivités. On a ainsi insisté sur la reconnaissance de l’expertise des individus, sur l’importance de la délibération et de la contextualisation dans l’élaboration des normes, de même que sur l’apport de la littératie numérique à la capacitation des citoyennes et citoyens. Il s’agit finalement de politiser l’IA en laissant place à une délibération démocratique et inclusive pour s’assurer du développement de normes et de technologies au service du bien commun et conforme aux aspirations de la société.
Un atelier avec le ministère de la Cybersécurité et du numériqueLe colloque fut l’occasion de mettre à contribution l’expertise de conférencières et conférenciers présents et de chercheuses et chercheurs de l’OBVIA pour mener un atelier de réflexion avec les équipes du ministère de la Cybersécurité et du Numérique (MCN), partenaire de l’événement. Sous la responsabilité scientifique d’Allison Marchildon, co-responsable de l’Axe Éthique, gouvernance et démocratie de l’OBVIA et de Darine Ameyed, conseillère en IA au MCN, cet atelier s’inscrivait dans le cadre d’une recherche-action visant la construction d’un cadre éthique de l’IA adapté au contexte et besoins de la fonction publique québécoise, dans laquelle la consultation et la participation de différents groupes d’acteurs font partie intégrante du processus. Cet atelier a permis de recueillir les commentaires, réflexions et recommandations des expertes et experts en ce qui a trait à la terminologie pour désigner ce cadre éthique, sur les orientations pour l'élaboration du contenu, la démarche et les outils de mise en œuvre à adopter pour sa mise en place.
RemerciementsL’OBVIA tient à remercier l’ensemble des participants qui ont contribué au succès de l’événement. Nous voulons également remercier les conférencières et conférenciers sur qui il reposait. Vos contributions ont donné lieu à des échanges riches et extrêmement stimulants. Nous souhaitons remercier les membres de l’équipe et les bénévoles, grâce à qui les choses se sont déroulées efficacement et dans une atmosphère conviviale. Nous tenons enfin à remercier nos partenaires qui par leurs différents soutiens ont rendu l’organisation de ce colloque possible.
Partenaires- Fonds de recherche du Québec
- Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH)
- Ministère des Relations internationales et de la Francophonie
- Ministère de la Cybersécurité et du Numérique
- UK Science and Innovation Network
- IVADO
- Jarislowky Chair in Human Nature and Technology-McGill
- Algora Lab
- Chaire L.R. Wilson-Université de Montréal
- Université Laval
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