Programme de financements de démarrage 2024 : découvrez les sept projets financés

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À l’issue de la première édition de son programme de financements de démarrage lancé en mai dernier, l’Obvia - Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’intelligence artificielle et du numérique - annonce le financement de sept nouveaux projets de recherche. En proposant un soutien financier allant jusqu’à 20 000 $ pour une durée d’un an, ce programme vise à encourager le lancement de projets exploratoires menés individuellement ou en équipe. Au moins un tiers de l'enveloppe budgétaire était réservé aux projets soumis par des chercheuses et chercheurs en début de carrière. 

Ce programme favorise l’adoption de nouvelles approches, pratiques, expertises et angles de recherche, afin de mieux comprendre et relever les défis sociétaux posés par l'intelligence artificielle et le numérique. Parmi les sept projets en démarrage financés, cinq seront menés par des chercheuses et chercheurs en début de carrière. 


Découvrir les projets financés : 

L’IA générative en musique : Création et réalisation

Chercheur principal : Serge Lacasse, Université Laval

Le projet constitue une étape exploratoire vers l’élaboration de nouveaux processus en studio d’enregistrement sonore afin d’exploiter en musique le potentiel de l’intelligence artificielle (IA), notamment générative (IAG). Plus spécifiquement, il s’agira de 1) mesurer la pertinence d’intégrer l’IAG à chacune des étapes du processus de création musicale (ex., écriture des paroles et composition de la musique), ainsi que 2) d’optimiser, à l’aide de l’IA, les modes de fonctionnement lors de la réalisation d’enregistrements en studio, pour améliorer l’efficacité de certaines opérations techniques (ex. : mixage, matriçage) et d’optimiser la gestion du temps dans le contexte d’un travail collaboratif, caractéristique de la réalisation d’un projet musical en studio. Nous documenterons le processus de la conception à la réalisation en studio de deux chansons, afin d’analyser les pistes les plus prometteuses d’intégration de l’IA en musique. Ce projet permettra donc d’évaluer et d’exploiter le potentiel de croissance de l’IA en musique.

 

Les impacts sociétaux de la cocréation de services publics par les plateformes numériques en libre accès

Chercheur principal : Justin Lawarée, ENAP

Cochercheur.se.s : Marie-Christine Therrien (ÉNAP), Koichiro Shiratori (Otani University)

Au début du XXIème siècle, la complexité croissante de la gestion publique requiert un dépassement des modèles bureaucratique et managérial. Le paradigme de la nouvelle gouvernance publique, axé sur la pluralité des acteurs et l’évaluation des impacts sociétaux, a favorisé l’émergence de l’innovation collaborative. Cette dernière repose sur la cocréation de services publics, où divers acteurs publics et privés collaborent pour mutualiser leurs ressources, compétences et expertises. Cette approche a permis d’améliorer l’efficacité, la qualité et la satisfaction des citoyens, tout en renforçant la transparence des services. Par ailleurs, les plateformes numériques, comme OpenFisca, peuvent jouer un rôle clé en facilitant cette collaboration. Cependant, la compréhension limitée de ces mécanismes de cocréation numérique par les organisations publiques indique un besoin de recherche nécessaire pour mieux intégrer la création de valeur publique dans ces processus, en vue d’améliorer l’alignement des services avec les aspirations citoyennes et de renforcer leur légitimité sociétale.

 

La participation des acteurs dans la confection des normativités sur le numérique : exemple de bac à sable réglementaire pour le Modèle d'évaluation des facteurs relatifs à la circulation des données

Chercheur principal : Ledy Rivas Zannou, Université du Québec en Outaouais

Cochercheur : Vincent Gautrais (Université de Montréal) 

Le cadre réglementaire de l'intelligence artificielle (IA) est en construction, mais on sait déjà que son effectivité requiert une implication des acteurs. Aussi, il est à parier que certains pans de la réglementation en devenir passeront par l’élaboration de politiques internes où les acteurs (qu’ils soient exploitants ou fabricants d’IA) montreront leur diligence. Ainsi, une sécurité accrue sera effective en la matière lorsque ces derniers identifieront les mesures prises par eux-mêmes pour s’assurer d’un usage responsable de l’IA. Le présent projet entend donc développer un bac à sable réglementaire où sera testé un modèle existant développé préalablement au sein de l’Obvia (Gautrais et Aubin 2022).

 

Biases within genomics and artificial intelligence : a comparative review of ethical and societal issues

Chercheur principal : Charles Dupras, Université de Montréal

Cochercheuse : Hazar Haidar (UQAR)

The research fields of genomics and artificial intelligence (AI) are both vulnerable to the perverse effects of biases – which some groups are disproportionately exposed to. Yet, there has been little dialogue on how to prevent and mitigate biases between the scientific and (bio)ethics communities of scholars involved in these distinct fields. We believe there is strong potential for such dialogue to enrich scholarly discussions regarding the ethical and societal implications of biases, and to improve practical strategies for mitigating their adverse and inequitable effects. The proposed study aims to review and compare the recent (bio)ethics literature on biases within genomics and AI, analyse similarities and discrepancies between these two bodies of literature, and identify the strengths and limitations of each, to better inform the two communities on how to address their respective gaps. Bias-related issues emerging in research at the crossroads of genomics and AI will also be explored.

 

Dispositifs narratifs, fiction, agents conversationnels et intelligence artificielle : la fabrique du sens des dispositifs génératifs

Chercheuse principale : Renée Bourassa, Université Laval

Ce projet veut étudier de façon critique les formes narratives portées par les dispositifs d’intelligence artificielle dans les médiations artistiques de l’écosystème socio-numérique. Par une méthodologie de recherche-création combinée à des analyses de cas, nous voulons 1) expérimenter les usages de l’IA qui ouvrent de nouvelles possibilités créatives dans la génération de dispositifs narratifs; 2) analyser les œuvres qui font état des risques ou des craintes que l’IA engendre par ses dérives potentielles. En effet, son émergence soulève des promesses, tout comme des angoisses, qui se reflètent dans les récits fictionnels au cinéma, dans la littérature, et dans certaines œuvres médiatiques. En suivant une perspective sémiotique et intermédiale, nous voulons étudier les effets de sens produits par ces simulacres de dernière génération (agents conversationnels, hypertrucages), à la lisière entre fiction, simulation et réel, tout en ancrant la recherche dans la filiation historique des médiations qui en sont les précurseurs.

 

Quel rôle pour l’intelligence artificielle dans une société soutenable?

Chercheur principal : Jonathan Martineau, Université Concordia

L’intelligence artificielle (IA) est appelée à jouer un rôle important dans la transition écologique vers des modes de vie soutenables et résilients. Cependant, ce rôle est aujourd’hui contesté. Si l’IA permet à certains secteurs de réduire leur consommation et développer leur résilience, elle repose en revanche sur une infrastructure matérielle et participe à des dynamiques de croissance dont la soutenabilité est mise en doute. Ce projet de démarrage contribue aux discussions sur le rôle de l’IA dans la transition en abordant la question de sa soutenabilité sous un angle inédit. Au lieu de penser la contribution de l’IA à la transition dans le contexte actuel, nous souhaitons l’aborder du point de vue d’une transition réussie. Nous explorons ainsi des scénarios prospectifs permettant de projeter l’IA dans un contexte de soutenabilité, d’envisager des possibilités insoupçonnées de l’IA, et de penser des usages visionnaires de l’IA pour les générations à venir.

 

DésIAnformation : éduquer au numérique à la vitesse de l’IA générative

Chercheur principal : Florent Michelot, Université Concordia

Cochercheur.se.s : Samuel Tanner (Université de Montréal), Julie Corrigan (Université Concordia)

Le projet aborde les défis posés par la désinformation en ligne, amplifiés par l’intelligence artificielle générative (IAg). Il se concentre sur l’éducation aux médias et les compétences informationnelles des étudiant·es postsecondaires, pour renforcer leur pensée critique face aux informations trompeuses, notamment celles générées par des IA. Utilisant une approche interdisciplinaire combinant sciences de l’éducation, philosophie, criminologie et informatique, le projet propose de développer et d’évaluer des dispositifs de formation et des outils de détection des fausses nouvelles. Il repose sur une méthodologie mixte pour identifier les tendances et améliorer les stratégies de littératies informationnelles et de pensée critique. Au-delà du soutien de l’Obvia, nous entendons développer un dispositif de formation et un logiciel de classification des fausses nouvelles, tout en tenant compte des enjeux d’équité, de diversité et d’inclusion. Le projet apportera une avancée dans la compréhension et l’amélioration de la littératie numérique et informationnelle, essentielle pour la société contemporaine.